Les marais à poissons de Seudre

Les marais à poissons de Seudre

Dans la conquête des anciennes vasières de la Seudre Maritime, vaste zone humide salée entre Charente et Gironde, la réalisation des salines s’est accompagnée de la création de marais pour l’élevage de poissons.

Appelés aussi “fossés” ou “viviers”, ces marais à poissons ont contribué avec les marais salants et les moulins à marées, à la mise en oeuvre d’un réel développement durable sur les bord de Seudre.

Aujourd’hui, ils représentent 233 km de fossés et 267 prises d’eau, diversement en été, car sans rentabilité économique dans l’immédiat.

La pratique de pêche dans les fossés à poissons est une activité traditionnelle en voie de disparition. Cependant, ils continuent à interagir avec les autres activités du secteur : Zone de nurserie pour la pêche côtière, Habitat pour les poissons et les crustacés, Relation avec l’activité d’élevage, Zone d’alimentation pour certaines espèces d’oiseaux.

Les marais à poissons de Seudre

Historique

Sous l’appellation de “pêcheries”, cette activité aquacole s’est développée à l’époque médiévale, comme en témoigne notamment l’initiative du Seigneur de Mornac, Gombaud II, qui au XIIème siècle encouragea les moines du prieuré Notre-Dame de la Garde à “défricher” de larges espaces de vasières près de l’estuaire de la Seudre, ce qui donna naissance au bourg de la Tremblade. Quelque temps plus tard, en 1228 c’est une zone de marais près de Nieulle sur Seudre, sur la rive droite, qui est aménagée par les moines pour l’élevage de seiches dont ils utilisaient le noir comme encre !

Les marais à poissons de Seudre

Les marais traditionnels de Seudre

Actifs jusque dans les années 1950, ils sont conçus pour recevoir les juvéniles surtout au printemps et au début d’été, pour assurer leur grossissement en milieu naturel, selon un procédé d’élevage extensif c’est à dire sans nourriture ajoutée. Ainsi sont élevés les mulets, bars, daurades grises et surtout les anguilles dont certaines exploitations s’étaient fait une spécialité, telle la maison Lacombe-Rouffineau à Mornac.

Le fossé se divise en petits espaces d’environ 25 mètres de long appelés “tâches” et séparés par de petites digues dites “aboteaux”. Cette disposition est conçue pour faciliter la pêche du poisson à la main avec le “boguet”, une pelle en bois, en même temps que le curage, le nettoyage des sédiments sur le fond du marais.

Les marais à poissons de Seudre

L’une est en forme de fossé assez profond entre 1 et 2 mètres, appelée la “doue”, un terme dérivé de la douve entourant les fortifications médiévales. 

L’autre partie, la “lède”, est plus grande en superficie et la hauteur d’eau est relativement faible (moins d’une mètre), ceci pour faciliter la formation du phytoplancton par l’action des rayons solaires qui nourrit les animaux marins.

Aussi, dans la “doue” profonde les poissons peuvent circuler et s’ébattre voire se protéger du gel lors d’hivers rigoureux ; à côté la “lède” offre l’espace propice au renouvellement de la nourriture.

Les marais à poissons de Seudre

Les différentes varagnes

Dans sa disposition côté interne, la “Varagne” peut recevoir un dispositif, le “langon”, sorte de grand entonnoir inversé horizontal qui permet l’entrée des jeunes poissons et évite leur sortie.

Autrefois actionnées par un touret horizontal à clapet relié au bas de la porte par une chaine, les “varagnes” ont ensuite été équipées d’une vis sans fin ou d’une crémaillère manuelle. Aujourd’hui on peut voir une commande automatique électronique ; c’est le cas de la “varagne” de l’ancien moulin à marées de Mornac, ainsi équipé pour faciliter le dévasement du port à marée basse. 

Selon l’utilisation du marais, la dimension des “varagnes” s’est modifiée à travers les âges. Très étroites, environ 50 centimètres, pour alimenter les “jas”, les réserves d’eau des marais salants, les “varagnes” des marais à poissons étaient un peu plus larges, puis leur dimension s’est encore élargie jusqu’à 2 mètres pour une alimentation abondante en eau de mer des claires à huîtres, lors de la reconversion des salines ou d’anciens marais à poissons pour l’ostréiculture.

Les marais à poissons de Seudre

Un besoin de gestion solidaire !

Longtemps exploités en complément d’activité par des agriculteurs utilisant les “bosses”, les parties émergées pour faire paître les bovins, les marais à poissons de Seudre connaissent aujourd’hui un abandon, faute de rentabilité. Ils peuvent être parfois utilisés en zones de chasse pour le gibier d’eau avec leurs “tonnes” ou abris de chasseurs, certaines étant très confortablement aménagées.

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