Toutes les anguilles européennes naissent dans les profondeurs de la mer des Sargasses, au large de la Floride. Pendant 2 ans, elles ne sont que des larves transparentes.
Puis elles entament leur long voyage de 6 000Km en 1 an, vers la Baltique, le golfe de Gascogne, le littoral méditerranéen. Guidées par une sorte de carte magnétique qui les oriente naturellement, aidées par le courant marin du Gulf Stream.
Aux abord du plateau continental, les larves se transforment en “civelles” transparentes, et atteignent la taille de 5 à 8 centimètres (les fameuses “pibales” comme on les appelle dans le marais).
Elles vont alors commencer à migrer vers l’eau douce en remontant nos cours d’eau. Leur chair translucide se colore, Leur dos devient brun et leurs flancs jaunissent. Ces jeunes anguilles sont en pleine croissance.
En fin de vie, après 10 à 12 ans d’existence, c’est la dévalaison, le retour vers l’océan. Elles accumulent une importante réserve de graisse et changent de nouveau de couleur de robe. Leur dos noircit et les flancs prennent une couleur argentée.
C’est alors le long retour vers la mer des Sargasses, durant 8 à 10 mois sur un périple de plus de 6000 Km, plongeant chaque 24h jusqu’à 700m de profondeur et ne remontant en surface que la nuit.
L’anguille meurt en mer des Sargasses après s’être reproduite.
La modification du milieu aquatique (barrages, réduction des zones humides, réchauffement climatique…), la pollution non détectée ou non traitée, le braconnage persistant, la perpétuation de traditions culinaires (civelles ou “pibales”) devenues incompatibles avec la survie de l’espèce, la vente illégale ou non déclarée par des professionnels ou non-professionnels sont autant de facteurs qui complexifient le suivi des populations en Europe et dans le monde.
Par ailleurs, parce que s’alimentant volontiers au niveau du sédiment, étant riche en graisses, et étant susceptible de vivre longtemps, dans une eau polluée, l’anguille est considérée comme faisant partie des poissons les plus bio-accumulateurs d’organochlorés et de polluants aquatiques solubles dans les graisses.
Aujourd’hui, ce sont les bateaux, petits chalutiers à puissance limitée, qui se livrent l’hiver à la pêche aux pibales en “tamisant” les eaux de la Seudre de novembre à avril.
Association pour une culture de terroir, à partir des réalités du milieu côtier, du respect de ses qualités et de la transmission des savoir-faire traditionnels.