Les moulins à marais édifiés sur la plupart des chenaux sont les seules constructions en dur encore en activité sur le marais de Seudre avec les varagnes (on dit aussi varaignes).
À l’époque médiévale, en même temps que les salines et les “pêcheries”, l’édification de moulins à marée a contribué à la vitalité économique dans le bassin maritime de la Seudre, entre Charente et Gironde, sur le littoral de Saintonge.
Se basant sur le principe de la force hydraulique des moulins à eau, connu dès l’époque romaine, on a édifié, surtout à partir du XIème siècle, des moulins utilisant le rythme biquotidien de la marée.
Construit en barrage sur un chenal (un acheneau) en langage local, le moulin à marée utilise un fort volume d’eau stocké à marée montante dans une grande réserve appelée le monard.
À mi-marée et marée basse, lorsque le dénivellement est suffisant, on laisse partir l’eau par le truchement d’une vanne : la varagne, comme au moulin de Loix, sur l’île de Ré. Outre les meules à céréales, seigle, orge ou blé, le même système peut actionner des pilons pour fouler les fibres destinées à la fabrication de la toile de drap, le mouvement rotatif étant transformé en mouvement vertical du foulon.
Très souvent, dans le bassin de Seudre, la réserve d’eau, le monard, en amont, est utilisée comme lieu d’élevage extensif de poissons, surtout des anguilles et des mulets, voire, en moindre quantité, des bars et des daurades grises.
La force hydraulique fait tourner une roue spécialement conçue avec des palettes, entraînant un système multiplicateur permettant la rotation d’une ou plusieurs meules en pierre écrasant les céréales. La roue à aubes, verticale, longtemps utilisée, sera remplacée au XIXème siècle par une turbine horizontale, d’abord en bois, puis métallique.
La conception des meules évolue, les monoblocs font place à des
assemblages, puis dans le même bâtiment sont adaptées les
forces de la vapeur, du moteur diesel et de l’électricité. Ce sera le
cas de l’ancien moulin de Plordonnier à
Mornac sur Seudre. avec sa haute cheminée, détruit en 1944 par
les Forces Françaises Libres, les F.F.I, luttant contre les
occupants allemands de la poche de Royan.
Autre exemple, mais dans la diversification d’activités, le Moulin
de Mornac. près du port, utilisera l’énergie hydraulique jusque
dans les années 1940, pour le fonctionnement des scies d’une
menuiserie installée dans le bâtiment.
Toujours dans ce même moulin de Mornac, la vanne, la ” varagne
” aujourd’hui à commande électronique, est encore utilisée pour la
“chasse”, le dévasement du port.
Parmi les réalisations de l’époque médiévale on peut citer, entre autres exemples, les travaux de moines
du prieuré Notre-Dame de la Garde, fondé en 1131, sous l’impulsion de Gombaud II, seigneur de
Mornac, qui donnèrent naissance au bourg et au port de la Tremblade.
Ainsi le Moulin des Loges, en haut du chenal du Lindron près de Marennes, sur le marais de St Just-Luzac a bénéficié d’une restauration exemplaire, avec un marais à poissons adjacent, sa roue à aubes,
ses meules et tamis en parfait état de marche.
Association pour une culture de terroir, à partir des réalités du milieu côtier, du respect de ses qualités et de la transmission des savoir-faire traditionnels.