L'huître Pédagogique

Les varagnes

Les varagnes (on dit aussi varaignes) sont les seules constructions en dur encore en activité sur le marais de Seudre avec les moulins à marais édifiés sur la plupart des chenaux.

Faire boire le marais !

Ces vannes construites autrefois en pierres de taille, puis en ciment armé et aujourd’hui à structure
métallique, illustrent un aspect fondamental de l’exploitation du marais : la maitrise de la circulation de
l’eau à l’intérieur des digues appelées ici « taillées » (du latin « tailliatis).

Les varagnes ?

Ce sont des ouvrages de prises d’eau, qui permettent selon l’expression traditionnelle de “faire boire le
marais”. Ce sera, bien sûr, alimenter le marais en eau de mer fraîche, ceci en période de vives eaux (on
dit les “malines”) mais aussi de faire entrer les petits alevins. Les “varagnes” sont des vannes avec une
porte conçue pour réguler l’entrée et la sortie de l’eau. On va ouvrir à marée montante et fermer à
l’heure de la pleine mer. Parfois cette manoeuvre se fait de nuit, par exemple lors de faibles coefficients
de marées en mai-juin, ou encore lors de temps orageux pour éviter que l’eau dans le marais ne
“tourne” c’est-à-dire ne devienne putride et nauséabonde. Autre aspect, en période de forte pluviosité,
on ouvrira en grand la porte de la “varagne” à marée basse pour évacuer un maximum du trop-plein
d’eau. Au moment du flux, la porte ne sera ouverte que dans sa partie basse pour ne laisser entrer que
l’eau la plus salée, car l’eau saumâtre, le “doucin” se situe en surface.

Les différentes varagnes

Dans sa disposition côté interne, la “varagne” peut recevoir un dispositif, le “langon”, sorte de grand entonnoir inversé horizontal qui permet l’entrée des jeunes poissons et évite leur sortie.

Autrefois actionnées par un touret horizontal à clapet relié au bas de la porte par une chaîne, les “varagnes” ont ensuite été équipées d’une vis sans fin ou d’une crémaillère manuelle. Aujourd’hui on peut voir une commande automatique électronique ; c’est le cas de la “varagne” de l’ancien moulin à marées de Mornac, ainsi équipé pour faciliter le dévasement du port à marée basse.

Selon l’utilisation du marais, la dimension des “varagnes” s’est modifiée à travers les âges. Très étroite, environ 50 centimètres, pour alimenter les “jas”, les réserves d’eau des marais salants, les “varagnes” des marais à poissons étaient un peu plus larges, puis leur dimension s’est encore élargie jusqu’à 2 mètres pour une alimentation abondante en eau de mer des claires à huîtres, lors de la reconversion des salines ou d’anciens marais à poissons pour l’ostréiculture.

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