Des pierres chargées d’histoire et, tout à côté, le lent cheminement des eaux salées ! Voilà ce qui situe Mornac dans une luminosité particulière issue du miroir des eaux du marais. Ce village de caractère, ancien bourg fortifié du XIIème siècle avec son port, son château, son église, son prieuré et ses halles, ainsi que la trace de ses remparts entourant le village, est un lieu de vie côtière depuis la nuit des temps. Il est édifié sur une butte du Crétacé truffée de souterrains, habitée dès le néolithique, ainsi que durant la période gallo-romaine et mérovingienne.
Grâce à ses marais salants connus dès l’an 1095, le village a développé une activité maritime basée sur le trafic du sel, notamment avec les pays nordiques, ainsi que sur la pêche et le cabotage. Site portuaire stratégique depuis Charlemagne et pendant l’époque médiévale, Mornac était en effet fortifié. Depuis les halles, dont l’origine remonte au XVIème siècle, la rue monte vers l’église du XIIème siècle, et de part et d’autre, le creux des douves est toujours visible.
Son port en pleine eau constituait un emplacement stratégique pour le négoce entre La Rochelle et Bordeaux, car durant l’hiver, les bateaux marchands, pour éviter les passes dangereuses de la Gironde, empruntaient le « chemin des Mornaçons » jusqu’à Royan. En effet, les navires venaient débarquer leurs cargaisons à Mornac, qui étaient ensuite transportées par charrette à bœufs, ou plus tard à cheval, vers Royan pour être réembarquées et acheminées par gabares jusqu’à Bordeaux.
A partir du XIVe siècle, les difficultés commencent avec la guerre de Cent Ans. Durant les conflits entre Valois et Plantagenets, la ville est victime de plusieurs sièges. En 1422, les Anglais s’emparent de Mornac par surprise. Toutefois, le commandant Jean Dugast leur tient tête dans le château où il s’est enfermé avec une poignée d’hommes. De La Rochelle, une dizaine de navires accourent en hâte pour aider le commandant. Dugast prévient qu’il est à la dernière extrémité faute de vivres. Dans la nuit, on arrive à tendre un câble entre la tour du château et le mât d’un des navires. Le lendemain, les Anglais voient passer au-dessus de leurs têtes des provisions de toutes sortes, jusqu’à des pourceaux vivants. Les Anglais sont alors pris à revers et sont finalement contraints de lever le siège.
Au XVIe siècle, les guerres de Religion bouleversent cruellement Mornac-sur-Seudre. Pressurés par les propriétaires et les nombreuses taxes, les sauniers se tournent vers la religion protestante. Les représailles sont féroces après la révocation de l’Edit de Nantes. Le donjon du château du XIIème siècle est détruit et les douves sont comblées et bâties.
Dès la fin du XVIIème siècle, l’ostréiculture se développe, avec les premières claires et les bassins d’affinage. Les cales actuelles du port datent de Napoléon III. Les gabares ont continué à fréquenter Mornac pour le trafic du sel jusque dans les années 1950. Quant à la flottille de pêche, qui comptait une cinquantaine d’unités au début du siècle, elle s’est amenuisée pour ne laisser aujourd’hui pratiquement de la place qu’aux embarcations ostréicoles et de plaisance.
Le renouveau culturel de Mornac à travers son artisanat d’art s’est manifesté au début des années 1950 à partir de l’église Saint-Pierre, de son déblaiement, de sa restauration et de fouilles archéologiques, grâce à un long travail souvent bénévole suscité et conduit par Émile Jeanneau et Pierre Ducou, fondateurs du Centre Communautaire d’Arts Saintongeais créé en 1952 à Mornac. Cette initiative en faveur d’une valorisation humaine du patrimoine, avec ses ateliers de tissage, poterie, vitrail, fer forgé, bois sculpté et vannerie, a donné une impulsion dont Mornac profite encore aujourd’hui. Le village bénéficie de labels tels que « l’un des plus beaux villages de France » et « village de pierre et d’eau”.
Association pour une culture de terroir, à partir des réalités du milieu côtier, du respect de ses qualités et de la transmission des savoir-faire traditionnels.